A sword for peace and liberty volume 1 - Force de frappe - The French Nuclear Strike Force and the First Cold War 1945-1990

Cet ouvrage nous fait découvrir la solide continuité de la stratégie nucléaire de la République française, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. Au cours des 60 dernières années, la France a développé sa propre capacité nucléaire, comprenant non seulement des ogives nucléaires, mais aussi les plates-formes de livraison de celles-ci : bombardiers stratégiques, avions tactiques, missiles balistiques tactiques, sous-marins à propulsion nucléaire, missiles balistiques intercontinentaux et moyens spatiaux.

Le traumatisme de la Blitzkrieg allemande de mai 1940 a façonné la vision des dirigeants selon laquelle la souveraineté française était obligatoire – dans les approches politique, militaire et technologique. L’effort qui en a résulté a été massif financièrement mais partagé aussi bien par la gauche que par la droite du paysage politique : il a même progressivement obtenu le soutien du Parti communiste français ! L’esprit de résistance a motivé l’ambition, avec pour devise « plus d’invasion militaire ». Cela dit, et comme le souligne cet ouvrage, la plupart des projets qui en ont résulté ont été – secrètement ou ouvertement – ​​menés en coopération avec le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique. En effet, la diplomatie a été obligée de se frayer un chemin entre Washington et Londres.

Le tome 1 se concentre sur le lancement de l’ambition nucléaire juste après la libération du pays, puis reconstitue la constitution de la triade stratégique. Pour obtenir le soutien des politiques et des opinions, des efforts importants ont été déployés par les experts de la « bombe » : les initiatives libres des officiers et des universitaires ont été consolidées par les communications officielles du ministère de la Défense. La première génération d'armes résultantes comprenait non seulement plusieurs types de bombes A, mais également le bombardier stratégique Dassault Mirage IV, les avions de combat tactiques Mirage III et SEPECAT Jaguar, le missile balistique tactique mobile Pluton, les sous-marins nucléaires de classe Redoutable, avec S2 et Missiles balistiques S3 abrités dans les Alpes provençales.

Pour la recherche et le développement connexes, des milliers de scientifiques, d'ingénieurs et de travailleurs qualifiés ont été mobilisés. Ainsi, le programme nucléaire français des années 60 et 70 s'inscrit dans une transformation globale du pays, se traduisant par un boom économique symbolisé par des avions comme la Caravelle et le Concorde, par la construction d'autoroutes, l'émergence de la Citroën DS automobile, mais aussi des lanceurs spatiaux, la diffusion des télécommunications, des trains à grande vitesse et la construction de 19 centrales nucléaires. L’administration et ses laboratoires publics étaient concentrés sur l’objectif : doter la France d’un arsenal nucléaire pour protéger le pays d’une invasion militaire et lui donner une liberté d’action.

La bombe atomique a été développée rapidement, mais il a été difficile de maîtriser le concept de fusion nécessaire à la bombe H. Le problème a été résolu avec l’aide de Londres. Des projets comme le Super Mirage IV de Dassault, les missiles à très longue portée, les porte-avions géants, le Dassault Mirage 4000 et les projets annulés sont décrits dans un chapitre séparé, et le livre dépeint également la culture pop nucléaire en France. En fin de compte, l’arsenal nucléaire français est devenu le miroir d’une architecture intellectuelle et de sa réflexion sur une stratégie nucléaire. Il en est résulté l’idée de « dissuasion du fort par le faible ». Par conséquent, et en raison du petit nombre d’armes et d’ogives nucléaires, la performance technologique était indispensable.

Dans les dernières étapes de la guerre froide, la deuxième génération de systèmes a été lancée : le Mirage 2000, le missile ASMP et une nouvelle génération de sous-marins. À la fin de la guerre froide au début des années 1990, le président Jacques Chirac a réduit l’arsenal, et bien sûr les budgets, et a pris la décision qui a conduit à la situation actuelle : la simulation nucléaire et un arsenal limité mais crédible.