Février 1961. Alors que la guerre d'Algérie dure depuis sept ans, un mouvement clandestin, l'OAS, émerge, prônant la résistance armée face aux autorités. Bientôt, l'armée bruit de rumeurs de putsch. Dans les travées de l'Élysée, un projet voit le jour : pourquoi ne pas envoyer les éléments les plus dangereux aux confins de l'Afrique centrale, où une province sécessionniste congolaise, le Katanga, réclame des officiers expérimentés pour former son armée embryonnaire ? Le régime gaulliste respire : d'un côté, il éloigne à bon compte des soldats d'élite, parachutistes et légionnaires, un peu trop proches de la cause Algérie française et des futurs putschistes d'Alger ; de l'autre, il avance ses pions et étend sa sphère d'influence hors du « pré carré » issu de la décolonisation, dans l'ex-Congo belge aux ressources minières fabuleuses. Cependant, rien ne va se passer comme prévu : ceux qu'on appelle les « affreux » tentent de constituer au Katanga un « réduit » OAS. Leurs provocations précipitent une intervention militaire des Casques bleus de l'ONU. L'engrenage qui s'ensuit aboutira à l'une des plus graves crises de la guerre froide, marquée par la mort du Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, et du secrétaire général des Nations unies, Dag Hammarskjöld, ainsi que l'embarras du gouvernement français, pointé du doigt pour ses activités subversives.
À partir de témoignages inédits et d'archives déclassifiées, le présent ouvrage lève pour la première fois un coin du voile sur une opération clandestine oubliée de la Françafrique, en identifie les protagonistes et révèle les détails d'une mission qui faillit échapper au contrôle de son principal commanditaire, le « Monsieur Afrique » de l'Élysée, Jacques Foccart.