Après la parution, en 1994, de La Bataille des Ardennes, de Jean-Paul Pallud, ouvrage qui s’est imposé des deux côtés de l’Atlantique, la publication de celui de Christer Bergström, en 2017, revenait sur les pertes réelles de l’US Army. Ce nouvel ouvrage de Philippe Guillemot contribue à enrichir la connaissance de cette bataille par des aspects nouveaux, d’où sa pertinence : non, le grand quartier général allemand n’a pas gardé jalousement le carburant trop loin du front, à l’est du Rhin, bien au contraire. Non, les ponts n’étaient pas coupés sur le Rhin. Non, le réseau ferré à l’ouest n’était pas détruit et, last but not least, oui, il y avait assez d’essence pour les forces attaquantes qui se sont pourtant heurtées à une réelle pénurie durant la bataille.
L’auteur s’appuie sur l’étude de milliers de pages d’archives dont certaines se sont visiblement révélées cruciales pour repenser ce que nous considérions pourtant comme acquis sur cette bataille si singulière et fatidique.
Le 12 décembre 1944, le maréchal Model, chef du groupe d’armées B, demande au colonel von der Heydte si son opération aéroportée à 10% de chances de réussir. Von der Heydte répond par l’affirmative et Model ajoute que l’offensive des Ardennes n’a pas aussi plus de 10% de chance de réussir. Ces 10% avaient été évoqués avant l’offensive allemande de mai 1940 et ce fut la victoire écrasante des armées du Reich. Mais, depuis, celles-ci sont épuisées.
S’appuyant sur des documents peu connus et une étude minutieuse, l’auteur met en avant les grains de sable qui finirent par gripper totalement l’appareil offensif allemand, l’étouffement de l’offensive et son effondrement sur elle-même. Un démontage précis qui surprendra le lecteur, archives à l’appui, de thèses qui ont pourtant cours depuis la fin des combats, montrant que ces fameux « 10% de chance », au final, ni le IIIe Reich ni Model ne les avaient plus.
Magnifique ouvrage (comme toujours aux éditions HEIMDAL !) richement illustré de très nombreuses photos en n&b et couleur, cartes en couleur.
